L’étude des manuels de combats est récente. Ils ont permis de modifier la perception des combats : ils sont plus raffinés, évolués que l’on le supposait. Ils sont totalement adaptés à leur milieu et à leur fonction. On se penche notamment sur les combats équestre : il existe en effet des traités techniques qui s’attachent au combats vus par des professionnels.
I Inventaire
L’art équestre est peu traité dans les manuscrits, on lui préfère les combats à pieds. Le choix des sources est alors restreint.
A Les traités de deux maîtres d’armes célèbres
Concernant l’Italie du Nord à la fin du XIVe siècle, on trouve trois manuscrits de Fiore del Liberi. Ces derniers sont tous différents mais traitent des mêmes choses, sont constitués d’images et de textes explicatifs plus ou moins longs selon les versions.
Pour l’Allemagne du Sud, on se tourne vers Johanes Liechtenauer, maître d’armes du XIVe siècle. Il fait référence à l’art du combat germanique : « Kunst der Fechtenes ». Pour protéger son art de ses rivaux, il n’explicite pas ses idées mais les écrit dans des poèmes cryptiques. On discerne alors son enseignement à travers les textes de certains de ses élèves. Au sujet du combat équestre, on le trouve dans des compilations de traités d’escrime. Son poème apparaît pour la première fois en 1389 : Traité du combat à cheval à la lance, à l’épée à main nue et de leur combinaison. Cela fournit des informations qui donneront lieu à cinq commentaires. Ils ont cohérents de sens, ce qui permet de comprendre certains vers du poème. Un problème subsiste : ils font référence à des images que nous ne connaissons pas.
B D’autres traités
On peut tout d’abord s’attacher à Hans Talhoffer. Trois de ses cinq manuscrits ont été traduits vers le milieu du XVe siècle. On y remarque de nombreuses illustrations et peu de légende. Il accorde une section au combat équestre et présente également des exercices martiaux équestres. Par la suite, on constate que Hunsfeltz a écrit trois traités d’escrime, dont un plus particulièrement sur le combat équestre. Mais il est court et assez déroutant : il reprend par exemple des techniques de Lichtenauer et les commente ; tout en accentuant sur les techniques rares, peut être plus délicates, et qui nécessitent donc des explications plus détaillées. Puis, on peut parler de Paulus Kal. Ses écrits sont similaires à Talhoffer mais il se montre comme un rival et se réclame notamment de Lichtenauer. On remarque des illustrations soignées et des textes très courts. Enfin il faut parler d’un écrit assez atypique, celui du livre de maison de Hugo Wittenwiller, qui comporte lui aussi une petite partie sur le combat à cheval.
A travers ces traités, on voit bien que les techniques de combat, a fortiori équestres, circulent : on retrouve effectivement des références et des renvois à travers ces divers textes ; chacun s’efforçant d’ajouter, améliorer ou rejeter pour arriver à des techniques qui ont une base commune.
II L’art du cavalier
La coutume veut que l’essentiel du combat à cheval soit basé sur l’équitation et non sur l’escrime. Dans les traités, on remarque à l’inverse que l’équitation est occultée : tous sont sensés connaître les bases.
A Le cavalier
Il doit pouvoir gérer simultanément plusieurs paramètres : être capable de manier son arme librement, garder son équilibre surtout lors des chocs et diriger sa monture qui doit être sensible et fiable. Talhoffer dans son traité Ambras montre même des exercices de voltige.
L’assiette, manière de se tenir à cheval, est également primordiale. Cependant il n’existe pas de règle stricte : elle varie en fonction des traités, l’essentiel étant de trouver la meilleure position pour être au repos et celle pour recevoir les chocs. De manière générale, on remarque que les jambes sont très mobiles pour préserver l’équilibre.
B Les aides
Il s’agit des moyens pour communiquer avec sa monture comme par exemple la voix, l’assiette… Les mains, par la bride, constituent le moyen le plus direct. Elles sont présentes également pour ralentir. Les passages écrits sont nombreux quant ils s’agit de la bride ; par exemple Lichtenauer conseille d’être ambidextre pour pouvoir intervertir rennes et armes. Les jambes sont également indispensables, bien que cela soit plus difficile pour diriger le cheval. Elles doivent entourer le cheval, lui servir d’axe. Il existe également des postures provisoires. L’habitude montre que les étriers jouent aussi un rôle important : lorsque les étrivières sont longues, elles procurent une bonne stabilité ; lorsqu’elles sont courtes, elles facilitent la mobilité et la communication avec la monture.
Malheureusement dans les illustrations les mouvements sont amplifiés ; de même dans les récits chevaleresques, un topos est de stimuler violemment sa montre pour montrer sa volonté de vaincre.
C La vitesse et les allures
Les combattants à cheval utilisent une vitesse moyenne ; en effet au plus les montures vont vite, au plus il est difficile d’exécuter autre chose que des actions simple. Les techniques et la vitesse s’adaptent aux armes : par exemple, la vitesse sera faible ou nulle pour un combat à l’épée ou à mains nues.
Il existe trois allures principales : le pas, le trot et le galop. Il en existe d’autres mais elles ne sont que peu considérées, hormis l’amble qui est surtout utilisée par les femmes et les ecclésiastiques. Dans les textes, rien ne précise l’allure, on ne peut que se baser sur les miniatures. Fiore del Liberi est l’illustrateur le plus clair. On remarque que le galop est surreprésenté par rapport à ce que l’on peut s’attendre.
D Les manœuvres
Lichtenauer fait un choix opposé à la coutume apparaissant entre le XVIIIe et le XXe siècle où l’on prend pour angle mort idéal l’arrière gauche : il préconise de jeter la lance et d’aller rapidement placer son flanc gauche proche du côté droit de l’adversaire ; et ce dans le but de déstabiliser l’adversaire souvent habitué à continuer à la lance après la première passe d’arme. Mais il précise tout de même que chaque technique doit pouvoir se faire des deux côtés. De manière générale, il est conseillé de minimiser l’écart pour pouvoir lutter.
Sujet: L'art du duel et les livres d'escrime (fiche de cours) 
Lun 13 Oct 2008 - 19:22
