Maud MEMBRE D'HONNEUR
Nombre de messages : 757 Age : 39 Localisation : Auriol Date d'inscription : 11/09/2007
| Sujet: La prostitution Lun 17 Jan 2011 - 13:20 | |
| Un livre sur le sujet : Amours vénales. La prostitution en Occident XIIe-XVIe siècle de Jacques Rossiaud
Et un petit article qui en parle :
Médiéviste aujourd’hui émérite, Jacques Rossiaud a longtemps enseigné à Lyon II et s’est fait l’historien du Rhône auquel il a consacré trois gros volumes. Mais dès 1976 il s’est aussi intéressé, grâce notamment à un extraordinaire gisement aux Archives de la Côte d’or, à la prostitution dijonnaise. Par la suite, enquêtes locales et travaux étrangers lui ont permis d’élargir encore son champ de recherche, et tout cela aboutit à deux synthèses, la première en italien dès 1984, la seconde en français en 1988, chez Flammarion. Et voici, vingt ans après, ce nouveau livre, plus ample encore, qui reprend, rectifie, enrichit les problématiques et les résultats d’antan. Tant il est vrai que c’est bien là ce qui fait le grand historien, Marc Bloch nous l’a appris: savoir remettre en cause le savoir d’hier, à la lumière de nouveaux travaux certes, mais surtout grâce à l’apport de disciplines voisines, en l’occurrence histoire des femmes, des jeunes, des marginaux, des déviances et du crime, celle du corps et du vêtement, celle des gestes. Mais aussi parce que - autre enseignement du maître - l’historien est fils de son temps -et le nôtre est bien celui de la libération des mœurs, de la sexualité, du tourisme sexuel; ce qui n’a pas manqué de modifier profondément notre regard sur les " travailleuses du sexe " Mais l’amour vénal, lui, a-t-il tellement changé depuis des siècles ?
Des sources abondantes à partir du XIIIe siècle
Si nous ne pouvons guère que soupçonner (les deux premiers chapitres le rappellent) " la prostitution des siècles obscurs " (entendez : avant 1200), le " second Moyen Age ", comme on dit maintenant (" Bas Empire ", " Bas Moyen Age " sont désormais péjoratifs, et proscrits !) nous verrons mieux apparaître - l’abondance et la diversité des sources aidant - au moins la prostitution urbaine sinon son homonyme villageoise, qui, même occasionnelle, fut pourtant, à n’en pas douter, fréquente.
De la norme à la pratique…
Suit un second chapitre qui s’efforce de démêler les rapports complexes entre les sociétés des XIIIe-XVIe siècles et la sexualité, normale (?) ou marginale. Et le contraste est grand entre le prescrit et le vécu, à commencer par celui des clercs eux-mêmes dont le discours prône pourtant le dégoût de la chair, valorise la continence, la virginité, et le mariage, seul remède, et encore, car la sexualité y est verrouillée dans l’unique projet de procréer. Malgré tout, prêtres et moines ne sont pas les clients les moins assidus de " ces dames " .
C’est que tout ceci se heurte évidemment aux dures réalités du temps: faible longévité des couples, concubinage largement toléré, virginité au mariage rare. Résultat: la prostitution s’installe partout dans les villes, en dépit des réglementations du pouvoir (le roi, le comte, le conseil de ville, l’évêque même !) qui est le premier à créer des prostibula, à contrôler les étuves, et naturellement à en tirer argent. Ainsi naissent et se développent de vrais sites spécialisés : trois à Venise . Et c’est la même chose en Provence, en Languedoc, en Allemagne, à Toulouse, en Catalogne. | |
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Maud MEMBRE D'HONNEUR
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| Sujet: Re: La prostitution Lun 17 Jan 2011 - 13:26 | |
| Sur ce thème existe un Historia thématique, le n°102 de juillet-août 2006.Le sujet part de l'Antiquité jusqu'à notre époque. Concernant le Moyen Age, trois articles : Vandales...et vertueux par Bruno Dumézil Le repos du croisé par Laurent Vissière Un métier médiéval comme un autre par Séverine Fargette | |
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