Alexis (Admin) CONNETABLE
Nombre de messages : 912 Age : 54 Localisation : Finistère - Pen ar bed Date d'inscription : 04/04/2007
| Sujet: LA GUERRE DE SUCCESSION DE BRETAGNE Mer 18 Avr 2007 - 5:30 | |
| Prémices Le problème successoral Charles de BloisLe 30 avril 1341, meurt le duc Jean III de Bretagne. Malgré trois mariages, avec Isabelle de Valois, Isabelle de Castille et Jeanne de Savoie, Jean III n'a pas eu le moindre enfant. Et il n'est jamais parvenu à se décider à désigner l'un des deux candidats à sa succession. Il y a d'une part Jeanne de Penthièvre, fille de son frère Guy de Penthièvre, mariée depuis 1377 à Charles de Blois, parent du roi, d'autre part son demi-frère Jean de Montfort, comte de Montfort-l'Amaury, fils du second mariage d'Arthur II de Bretagne avec Yolande de Dreux, comtesse de Montfort-l'Amaury.La Bataille d'Auray - 1364 (Miniature de Jean Cuvilier, ca. 1400) Les alliances Par sa naissance, Charles de Blois est le neveu du nouveau roi Philippe VI de Valois, choisi pour roi aux dépends des prétentions d'Édouard III d'Angleterre, en vertu de la loi salique. Charles de Blois a en outre hérité des prétentions de la maison de Penthièvre sur le duché de Bretagne.
En réaction, Édouard III se rappproche du Montfort qui sait avoir peu à attendre du roi. Cette alliance est assortie du comté de Richemont, fief anglais entré dans le patrimoine des ducs de Bretagne. Le jugement parisien Les concurrents n'entament pas de procédures judiciaires mais se présentent tous deux à Paris pour rendre hommage au roi Philippe VI - la Bretagne est un duché-pairie depuis 1297. La différence dans leur accueil laisse apparaître que Charles de Blois est reconnu comme l'héritier légitime.
La situation est paradoxale : les droits de Charles de Blois se fondent sur la succession par les femmes, qui depuis peu n'est plus reconnue en France mais est conforme au Droit Breton, alors que Jean de Montfort s'appuie sur une loi salique devenue chère au roi de France...
Les Nantais rendent hommage à Jean de Montfort Le coup d'éclat de Montfort Sachant que la situation est jouée d'avance et que Charles sera reçu dans l'hommage, donc reconnu officiellement, Jean de Montfort quitte Paris précipitamment.
Il entre dans Nantes et prend le contrôle de la principale ville du duché, puis il se précipite à Limoges, dont Jean III avait été le vicomte, récupérer le trésor ducal qui y avait été entreposé.
De retour à Nantes, il réunit, en mai 1341, une assemblée de la noblesse et du clergé, mais nombre de grands seigneurs et ecclésiastiques font défaut. Dans les mois qui suivent (juin-juillet) il effectue une grande chevauchée dans son duché pour s'assurer le contrôle des places fortes. Il parvient à prendre le contrôle d'une vingtaine de places.
Enfin il se rend en Angleterre, où Édouard III lui promet une aide militaire et le reconnaît comte de Richmond.La condamnation française Enfin, Jean de Montfort est convoqué à Paris par la cour des pairs. Ses contacts récents avec l'Angleterre lui sont reprochés ainsi que sa tentative de forcer la main au roi[1]. Jean de Montfort s'entoure néanmoins de juristes français, invoque la loi Salique pourtant étrangère au Droit Breton et demande l'arbitrage du Conseil des Pairs du Royaume. Le Roi tranche en faveur de son neveu Charles de Blois. Jean de Montfort finit par prendre la fuite. En réaction, par l'arrêt de Conflans, le 7 septembre 1341, Philippe VI accepte l'hommage lige de Charles de Blois. Jean de Montfort se voit confisquer ses fiefs français : comté de Montfort-l'Amaury, vicomté de Limoges. La guerre Cette guerre, entrecoupée de trêves, se déroule en trois périodes : fin 1341-19 janvier 1343 / 1345-1362 / 1362-1364Première phase (1341-1343) Charles de Blois et son allié, Jean duc de Normandie - le futur Jean II le Bon - réunissent une armée et pénètrent en Bretagne. Après deux semaines de siège, ils prennent Nantes et capturent Jean de Montfort. Les villes ne tardent pas à reconnaître Charles de Blois. Cependant avec l'hiver le duc de Normandie achève la campagne sans avoir anihilé les derniers montfortistes. Au contraire, Jeanne de Flandre, épouse de Jean de Montfort, ranime la flamme de la résistance et rallie ses partisans à Vannes.
Fin novembre 1342, Edouard III débarque avec son armée à Brest et assiège Vannes. Les Français qui l'attendaient à Calais avait retiré leurs forces du fait des succès de Charles de Blois. Un armée française est rassemblée pour lui faire face. Mais Jean de Montfort étant prisonnier et Jeanne de Flandre ayant sombré dans la folie, une trêve est signée le 19 janvier 1343. De fait les anglais occupent et administrent les places fortes encore fidèles à Jean de Montfort. Une large garnison anglaise va occuper Brest. Vannes sera administrée par le Pape.Deuxième phase: le statu quo Jean de Montfort est libéré le 1er septembre 1343. Aidé par les Anglais il reprend le contrôle de Vannes. Charles de Blois assiège Quimper en 1344 pour isoler Jean de Montfort de ses alliés anglais. La prise de la ville est sanglante : 2000 civils sont massacrés. Jean de Montfort décède en 1345, son fils Jean n'est pas en âge de gouverner. Le conflit franco-anglais va se déplacer vers la Normandie et le Nord. Les défaites françaises à Crécy en 1346, puis la capture du roi à la Bataille de Poitiers vont neutraliser les Français et la situation tourne au statu quo en Bretagne où les Anglais contrôlent Brest, Quimper et Vannes. Charles de Blois, lui, tient le reste du duché. C'est au cours de cette période qu'eut lieu le célèbre Combat des Trente, grand moment de la Chevalerie. Il oppose 31 Anglo-Bretons à 31 Bretons Blésistes (favorables à Charles de Blois) à mi-voie entre Josselin et Ploërmel, le 26 mars 1351. Les Bretons Blésistes sous les ordres de Beaumanoir sont vainqueurs. 3ème phase Bataille d'Auray 1364L'année-même de son sacre, le nouveau roi Charles V reprend les hostilités.
En septembre 1364, Jean de Montfort et l'Anglais John Chandos vainquent Charles de Blois et Bertrand du Guesclin à Auray. Cette bataille marque la fin de ce long conflit, la paix est avalisée en 1365 par le premier traité de Guérande.
Le traité établit Jean IV comme héritier légitime. Il ne repousse pas totalement les prétentions des Penthièvre, puisqu'il établit ainsi la loi successorale en Bretagne :
le duché se transmettra de mâle en mâle dans la famille des Montfort ; en cas d'absence de descendance mâle, il passera aux mâles de la famille de Penthièvre. Résolution du conflitJean IV, qui épouse une sœur puis une belle-fille du Prince Noir, est un allié des Anglais et donc ennemi de Charles V qui mêne une reconquête patiente de tout le territoire français. Une fois débarrassé des Anglais qui ne contrôlent plus que quelques places fortes sur le continent et n'ont plus la maîtrise des mers depuis la bataille de la Rochelle, le roi de France reprend les hostilités et confisque le duché de Bretagne en 1378. Soutenu par le peuple breton et par la volonté d'indépendance des barons, Jean IV se maintient de fait.
Il aura de meilleurs rapports avec Charles VI et le régent Philippe le Hardi, et gouverne en paix son duché, mais doit faire face à la rébellion d'Olivier de Clisson. Il parvient à racheter aux Anglais la place de Brest en 1397. Le second traité de Guérande est signé le 4 août 1381. Le duc Jean IV de Bretagne recouvre ses biens, contre l’hommage prêté au roi de France, le versement d’une indemnité et le renvoi des conseillers anglais.Le combat des Trente (Penguilly l'Haridon) | |
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Laure de Penhars MEMBRE D'HONNEUR
Nombre de messages : 865 Age : 51 Localisation : Bretagne !!! Date d'inscription : 04/04/2007
| Sujet: Re: LA GUERRE DE SUCCESSION DE BRETAGNE Mer 18 Avr 2007 - 9:36 | |
| Beau travail pour résumer cette période mouvementée ! A noter, mais peut-être est-ce déjà fait dans la "biblio" du Forum, l'ouvrage parut sur le Combat des Trente aux éditions Coop Breiz et écrit par Yvonnick Gicquel. Beau livre, bien documenté avec de nombreuses illustrations de qualité. | |
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