Maud MEMBRE D'HONNEUR
Nombre de messages : 757 Age : 40 Localisation : Auriol Date d'inscription : 11/09/2007
| Sujet: Le roman Mer 15 Déc 2010 - 1:53 | |
| XIIe-XIIIe Thèmes légendaires / Un genre nouveau : le roman 1. La naissance du romanLa langue vulgaire est d'abord utilisée pour les textes de nature hagiographiques ou "historique". Mais la fiction s'empare rapidement de ce nouveau mode d'expression, au point que le nom d'un "nouveau" genre littéraire, le "roman", n'est autre que celui de cette langue non latine. "Mettre en romanz", c'est dans un premier temps "translater", c'est à dire traduire du latin en langue vulgaire. Encore faut-il tenir compte de la conception médiévale de la traduction, qui est beaucoup plus proche de ce qu'on appelle adaptation et mis au goût du jour. Le savoir, estiment les écrivains de la deuxième moitié du XIIe siècle, est passé de Grèce à Rome, puis de Rome en France : c'est la translatio studii ; et d'espérer que cet arrêt de la science à Paris, ou de façon plus générale en Occident, est définitif. Mais si ce transfert apporte à la littérature un trésor de thèmes et de motifs, les contemporains ont eux aussi des choses à dire, des récits à raconter, tout à fait dignes d'être mis en roman, ou en "geste", en épopée. 2. Les trois matièresL'esprit médiéval, qui aime les classifications, distingue d'abord trois "matières" narratives :
* la matière antique, produit direct de la translatio, qui reprend à son compte les grandes œuvres de l'Antiquité, et situe dans un Orient mythique les aventures de ses héros 1110 - Albéric : Alexandre 1155 - Début du cycle des Sept Sages de Rome v. 1155 - Roman de Thèbes v. 1156 - Eneas 1160 - Roman de Troie 1170/1180 - Roman d'Alexandre en alexandrins 1177 - Gautier d'Arras : Roman d'Eracle v. 1225 - Roman de Troie, en prose
* la matière de France, qui relate les hauts faits de Charlemagne, de ses pairs et chevaliers : ce sont les chansons de geste v. 1080 - Chanson de Roland 1088 - Gormont et Isembart , Chanson de Guillaume 1137 - Le Couronnement de Louis 1138 - Le Charroi de Nîmes, La Prise d'Orange 1181 - Chanson de Jérusalem v. 1220 - Chanson de la croisade albigeoise, première partie v. 1250 - Huon de Bordeaux 1272 - Adenet le Roi : Berte au grand pied
* la matière de Bretagne, qui s'inspire du fond considérable de légendes et de contes transmis oralement par les populations celtiques v. 1165 - Chrétien de Troyes : Erec et Enide 1172 - Thomas : Tristan 1176 - Chrétien de Troyes : Cligès 1179 - Chrétien de Troyes : Le chevalier à la charrette 1180 - Chrétien de Troyes : Le chevalier au lion 1181 - Béroul : Tristan / Chrétien de Troyes : Les contes du Graal v. 1210 : Perlesvaus v. 1225 : Continuations du Conte du Graal 1220/1230 : Lancelot v. 1230 : La Mort le roi Artu v. 1235 : Tristan en prose 3. La veine réalistePlus tard, les catégories s'avèrent insuffisantes : on voit apparaître, par exemple, les fabliaux, contes à rire qui reflètent une société bien différente de celle des romans arthuriens. Une nouvelle distinction apparaît (même s'il est possible que ce ne soit pas le cas pour les mentalités médiévales) entre roman courtois et roman non courtois, dit "réaliste". Par ailleurs, la soif encyclopédique qui se manifeste dans les "sommes" didactiques ou religieuses du XIIIe siècle se manifeste aussi dans les textes narratifs en langue vulgaire : à partir d'œuvres uniques et parfaites, achevées ou non, se crée un réseau de cycles, de suites, de continuations, qui s'épanouit pendant près de deux siècles, avant de se tarir, victime de l'épuisement des légendes. | |
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